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Les géoportails à l'aube du tournant numérique de la Planification Spatiale Maritime
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Le 10 janvier 2024false false
Cette étude cherche à explorer la transformation numérique de la planification spatiale marine à l’échelle mondiale, en mettant l'accent sur le rôle des géoportails. Ces portails de données en ligne offrent la possibilité de visualiser les activités humaines et non humaines dans un espace maritime donné. Les géoportails peuvent être multifonctionnels et intégrer de la donnée de différents secteurs et différentes sources, ils peuvent donc servir d’outils d’aide à la décision pour les décideurs politiques.
D'après des études scientifiques récentes, il a été démontré que les outils numériques jouent un rôle crucial dans l'élaboration des plans en milieu marin. Ces outils se traduisent ici par les géotechnologies ou technologies de l’information géographique. Ces dernières sont des technologies permettant de collecter, analyser, traiter, représenter, et faire circuler les informations géographiques (i.e. données liées à des emplacements géographiques spécifiques sur la Terre). Les géotechnologies incluent les systèmes d’information géographique (SIG), les outils d’aide à la décision (OAD) et les géoportails.
Cette étude cherche à explorer la transformation numérique de la planification spatiale marine à l’échelle mondiale, en mettant l'accent sur le rôle des géoportails. Ces portails de données en ligne offrent la possibilité de visualiser les activités humaines et non humaines dans un espace maritime donné. Les géoportails peuvent être multifonctionnels et intégrer de la donnée de différents secteurs et différentes sources, ils peuvent donc servir d’outils d’aide à la décision pour les décideurs politiques.
Grâce à une méthode mixte (données qualitatives et quantitatives) permettant d’analyser les géoportails associés à la planification spatiale maritime et leurs relations entre eux, Davret et al., (2023) ont pu identifier et retenir 76 géoportails venant en appuie à des plans spatiaux marins. Par la suite, les chercheur.se.s se sont appuyés sur les trois dimensions de la gouvernance numérique telles que définies dans l'article de Kloppenburg et al. (2022). Cette approche a abouti à l'identification de huit fonctionnalités présentes dans les géoportails (voir tableau 1). Ces huit fonctionnalités ont ensuite été croisées avec les différentes phases de progression du plan (Elher & Douvere, 2009) afin de déterminer si le géoportail contribue effectivement à faire avancer le plan (dimensions 1 et 2) ou s'il sert simplement de façade (dimension 3) (voir figure 1).
Table 1 : Fonctionnalités des trois dimensions de la gouvernance numérique.
Il en ressort que :
- Environ 89% des géoportails analysés correspondent à la première dimension, facilitant la "visualisation et la compréhension". Cela s'explique par leur capacité à fournir un accès aux métadonnées, à visualiser des informations géographiques sur la zone maritime étudiée ou à afficher le plan spatial marin.
- Environ 38% des géoportails examinés correspondent à la deuxième dimension de la numérisation de la gouvernance, favorisant "l'engagement et la participation" des parties prenantes et du grand public. Les principales fonctionnalités de cette dimension incluent l'ajout de données et de commentaires en ligne, principalement concentrés dans les pays Européens et en Amérique du Nord.
- Enfin, seulement 26% des géoportails présentent des fonctionnalités correspondant à la troisième dimension de la gouvernance numérique, permettant une "intervention et une action" réelles des parties prenantes et du public. Ces géoportails permettent notamment de soumettre des propositions de plans alternatifs, de contribuer à des jeux de données collaboratifs, ou sont annoncés comme des outils d'aide à la décision.
Cette recherche met en évidence d'importantes disparités régionales, influencées par les réglementations en vigueur, l'expérience des pays en matière de planification et le stade d'avancement du plan. De manière générale, cet article souligne que les géoportails sont davantage une façade du plan (dimension 1 et 2) qu'un outil réellement engageant pour le public et les parties prenantes (dimension 3). Bien que la numérisation de la planification en mer soit une réalité, elle ne favorise pas encore pleinement l'implication des parties prenantes.
Les auteur.ice.s revendiquent l'importance de se focaliser sur les modes d'implication numérique du public, en particulier en prévision des prochains cycles de planification. Il semble donc essentiel de prendre en considération ces résultats afin d'ajuster les méthodes de consultation et de participation du public ainsi que des parties prenantes dans les futures étapes d'élaboration des plans spatiaux marins.
Lien vers l'article : https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/1523908X.2023.2283081?scroll=top&needAccess=true
Juliette Davret est post-doctorante à Maynooth University Social Sciences Institute (Irlande).
Brice Trouillet est professeur des universités au laboratoire LETG (Nantes Université, UMR 6554 CNRS).
Hilde Toonen est une professeure assistante à l’Université de Wageningen (Pays-Bas).
Profil de la première autrice
Après deux années de classe préparatoire (hypokhâgne et khâgne), Juliette Davret se passionne pour la géographie et décide de poursuivre ses études à l’Université de Bordeaux-Montaigne par une L3 histoire-géographie. À la fin de son master en géographie et aménagement à Nantes Université en 2019, elle se décide à continuer dans le milieu académique et entame une thèse au sein du laboratoire LETG sous la direction de Brice Trouillet. C’est au cours de son parcours universitaire que Juliette s’intéresse à différent domaines, notamment les critical data studies, la géographie numérique et les science and technology studies.
Aujourd’hui post-doctorante à l’Université de Maynooth en Irlande au sein du projet Data Stories, elle étudie les relations de pouvoir dans la planification et la gouvernance à travers les informations géographiques utilisées et produites, et cela dans le but d’adresser la crise du logement qui touche Dublin notamment.
« J’ai eu une très bonne expérience de collaboration avec la Chaire maritime, notamment avec Sarah Petrovitch avec qui nous avons mis en place une série d’ateliers participatifs entre 2020 et 2022 qui ont nourri mes recherches doctorales. »